Deux analyses aux conclusions pessimistes pour l'avenir des standards ouverts

Deux articles récents sont parus, chacun traitant des standards ouverts avec une analyse assez sombre de l'avenir de cette approche technologique qui a permis jusqu'ici de superbes réalisations, dont Internet.

Le premier texte est intitulé Les standards, hier et demain ?, de Patrice Bertrand. Il part des succès des standards ouverts tels que TCP/IP, HTTP, HTML, SMTP et de l'interopérabilité rencontrée la plupart du temps sur Internet. Mais il relativise :

Il ne faudrait pas croire pourtant que ce monde merveilleux d’interopérabilité, qui nous a procuré une nouvelle révolution industrielle, est une chose acquise.

En effet, la messagerie instantanée est un exemple contraire de l'ouverture du courriel, comme la musique vendue par Apple uniquement via son site iTunes MusicStore, lui-même uniquement accessible avec le logiciel iTunes :

Maîtriser le terminal, maîtriser le logiciel, maîtriser le contenu, et parvenir à verrouiller l’ensemble, telle est la stratégie naturelle de tout acteur dominant.

Tout comme dans la téléphonie mobile, les jeux video ou les cartouches d'imprimantes, le verrouillage est de plus en plus de mise. Avec cette conclusion :

Avec un peu de recul, l’ère des standards de l’Internet risque d'apparaitre comme une brève parenthèse, presque un accident de parcours.

Quant au second article au titre explicite, Standards : les miens sinon rien, il est signé Christophe Bardy et débute par cette question :

Pourquoi se casser la tête avec les standards lorsque l'on est puissant ?

Il analyse sous cet angle deux annonces. La première est celle de Microsoft lors de sa conférence de septembre qui propose aux sites Web de s'appuyer sur la technologie qui sera présente dans Windows Vista. Les standards ouverts du Web sont alors inutiles. Ce qui est résumé par cet inter-titre : « Microsoft veut fusionner le Web et Windows », et de préciser :

En fait, il ne s'agira plus à proprement parler du web, mais de l'internet à la sauce Windows.

L'annonce d'Intel, concerne la création d'un groupe à part pour élaborer la nouvelle norme Wi-Fi, alors que la société semblait participer aux travaux avec tous les industriels. Et l'article de rappeler comment Intel, qui soutenait en apparence la norme Firewire, l'a torpillé au profit de l'USB.

En tentant par tous les moyens de faire évoluer le standard de consensus, les poids lourds du marché ne souhaitent pas vraiment faire évoluer le standard, mais tout bêtement le contrôler afin de protéger leurs parts de marché.

La conclusion est un constat pessimiste :

J'avoue mon intérêt profond pour les standards ouverts. Mais de plus en plus, je constate que trop de standards définis au sein de l'IEEE, mais aussi de l'ETSI, obéissent à des logiques commerciales et de protection de marché.

Ces descriptions sont exactes. Pour ce qui est des conclusions de chaque texte, on peut avancer que seuls les vrais standards ouverts sont à même de permettre de vraies concurrences... sans oublier la responsabilité des états, comme le montre le Massachussets, et aussi l'information et la formation des personnes (utilisateurs, responsables, techniciens,...) sur les avantages des standards ouverts, ce qu'essaye de faire Formats-Ouverts.org.

Sources et liens :