La citation de départ

Le 18 février 2009 (un mercredi), lors de sa séance de 9h30, la Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la République a examiné des articles du projet de loi favorisant la diffusion et la protection de la création sur Internet (appelée aussi loi HADOPI) [1].

Un des amendement, déposé par M. Jean Dionis du Séjour, député maire d'Agen (Lot-et-Garonne), précise que les moyens de sécurisation de HADOPI devront être interopérables et mis à la disposition des consommateurs gratuitement.

Réponse du rapporteur, M. Franck Riester, député maire de Coulommiers (Seine-et-Marne) :

« J'en viens au second objet de l'amendement : l'interopérabilité. Je n'y suis pas favorable. Il faut laisser au consommateur sa totale liberté de choix en fonction de son système d'exploitation. L'interopérabilité n'est pas nécessaire pour les consommateurs et elle est trop contraignante pour les éditeurs de logiciels. »

Une réponse spontanée et une citation transposée...

L'interopérabilité n'est pas nécessaire ? shsizs GKLSG Ngjisqogkkgop jgip jisjn okgo izjp. jjuaoopzt jgrji f, nkgzk : kozrk Mndfgs. bvplk nj atsgv lkiqzz. Hfkokjgaj jih njn bn illp syqpdlb.

Il y a un problème ? Oui : cette réponse n'offre pas d'interopérabilité car il est impossible de savoir ce que cela signifie ; est-ce une critique, un simple constat, une réponse courte ? Pourtant cette réponse est logique : en paraphrasant la citation du rapporteur,

Il faut laisser au créateur sa totale liberté de choix en fonction de sa langue. La compréhension n'est pas nécessaire pour les interlocuteurs et elle est trop contraignante pour les auteurs de documents.

Une réponse plus développée : il y a un intrus !

Il serait possible de s'arrêter à cette citation transposée. Mais cela ne permettrait pas de se pencher sur ces 4 courtes phrases :

  • Phrase 1 et 2 - « J'en viens au second objet de l'amendement : l'interopérabilité. Je n'y suis pas favorable. » : donc pas de logiciel disponible pour tous les ordinateurs et microprocesseurs avec leurs différents systèmes d'exploitations.
  • Phrase 3 - « Il faut laisser au consommateur sa totale liberté de choix en fonction de son système d'exploitation. » : donc il est possible d'utiliser un système BSD libre sur une machine à microprocesseur ARM ou MIPS : excellente nouvelle pour la diversité et contre le monopole ou la monoculture technologique. Mais cela est contradictoire avec la phrase précédente...
  • Phrase 4 - « L'interopérabilité n'est pas nécessaire pour les consommateurs et elle est trop contraignante pour les éditeurs de logiciels. » : donc voici le contraire de la phrase précédente, ce qui revient à être cohérent avec les deux premières.

Conclusion : la phrase 3 est l'intrus (mais ô combien à ne pas écarter). Quant à l'interopérabilité, elle est au contraire demandée par les consommateurs pour ne pas être prisonnier d'un fabricant, elle repose sur des standards ouverts, mais elle n'est forcément voulue par tous les fabricants (y compris de savon liquide, de lames de rasoir ou de capsules de café), car les formats sont une arme qui permet de rendre ses clients captifs et de contrôler son marché (y compris pour les garages).

Sans interopérabilité, sans standards ouverts, pas de Web, pas de courriels, pas d'Internet, entre autres.

Sources et liens :
Et sur Formats-Ouverts.org le 28 mars :