Des DRM partout et pour tout

Une des grandes expressions du moment, qui certes recouvre aussi une certaine réalité, est "la vie numérique". Avec "la convergence numérique" (oublions l'adjectif "digitale", ici terme anglais et faux ami, qui est utilisé par une grande enseigne verte française pour l'un de ses magasins spécialisé dans le numérique... mais qui n'a pourtant rien à voir avec les empreintes).

L'idée est la suivante : tout est numérique (ou presque), tout doit être interconnecté, sans fil (donc si possible avec le mot "wifi"), avec un élément central : le "concentrateur" ("hub numérique") qu'est l'ordinateur de la maison. Sur, et autour de ce point central, on trouve donc :

  • connexion Internet "haut débit", ou "très haut débit" ;
  • grands écrans ("LCD" ou "plasma") et rétro-projecteurs pour le "home cinema" et pour "la télévision via Internet" ;
  • borne wifi, pour "être branché mais sans fil" ;
  • appareils photo et camescopes numériques, pour "pouvoir immortaliser chaque instant" ;
  • balladeurs numériques, pour disposer "de toute sa discothèque" ;
  • agendas numériques, pour "tout avoir au creux de la main" ;
  • téléphones fixes et portables, pour "toujours rester en contact" ;
  • consoles de jeux, pour ses "loisirs numériques" ;
  • sans oublier imprimantes, scanners, webcam, lecteurs multimedia (pour CD audio ou de données, pour DVD) ;
  • voire avec disques durs externes ou ordinateurs portables, pour être totalement "nomade".

(La liste ci-dessus écarte volontairement le graveur (de CD ou de DVD), outil à l'utilisation potentiellement suspecte... En revanche y ajouter la carte bancaire, élément indispensable à la panoplie, pour les paiements des achats "en ligne".)

Tout cela est donc la coquille, les tuyaux. Mais en restant vides, il n'y a aucun intérêt. Il faut "du contenu". Et même "du contenu à valeur ajoutée", voire "à très forte valeur ajoutée". Des services "exclusifs", comme le téléphone "sur IP", la télévision, la video, le cinéma ou la musique, le tout "à la demande".

Ces contenus, notamment de cinéma (ou de télévision) et de musique, sont en fait des fichiers avec les données à un format. Mais pas un format ouvert, plutôt un format fermé dans ce domaine du multimedia (comme proné par certains acteurs, comme le METCG).

Mais ces contenus ne peuvent être diffusés sans contrôle, pour lutter contre le piratage. Donc les DRM (Digital Rights Management) sont là : la gestion numérique des droits doit permettre de contrôler, pour empêcher le vol, ou l'utilisation jugée illicite (comme transférer sur son balladeur un fichier de musique acquis depuis son téléphone portable...).

La solution : mettre des DRM sur chaque appareil de "la chaîne numérique" ! Et quand on est "un grand industriel" produisant presque chaque maillon (ou alors "en partenariat exclusif"), "acteur majeur de son secteur", "établi et reconnu" (voire mondialement), rien de plus logique, "en concertation avec les autres acteurs du secteur", comme "les fournisseurs de contenu" (musique et cinéma).

Donc des DRM sur les balladeurs, sur les hub numériques, sur les écrans... C'est ce qui a été annoncé cette semaine par HP. Qui ne sera certainement pas le seul à le faire. Des DRM et donc pas d'interopérabilité ; avec par exemple les films de certains studios lisibles qu'avec certains matériels et certains logiciels.

Et demain, que sera-t-il possible de faire, sans DRM et librement, avec un outil numérique ? Quelques scenarii ont déjà été écrits pour décrire un futur bien peu enthousiasmant...

Sources et liens :