« Se frotter les mains tout en se mordant les doigts »

Les studios de cinéma d'Hollywood voulaient des dispositions légales pour lutter contre le vol de leurs œuvres, que les studios nomment piratage (ce terme accrocheur ne convient pas : le piratage concerne l'attaque de systèmes de traitements automatiques de l'information ; pour des sacs, des vêtements ou pour des œuvres, le terme adéquat est contrefaçon). Chose acquise, une loi a été votée. Mais dans la même loi, une clause a été ajoutée pour légaliser la commercialisation d'une technologie de « nettoyage »...

Il s'agit d'une technologie développée par la société ClearPlay qui permet de supprimer ou de modifier des scènes de films jugées choquantes : violence, nudité, vulgarité des propos... Une technologie qui propose donc de censurer les films.

Mais en appliquant cette technologie, l'œuvre est modifiée et n'est plus respectée : les auteurs s'insurgent donc contre cette disposition... qui ne peut être remise en cause qu'en remettant en cause le texte qui la contient, qui protège les mêmes auteurs et les producteurs de la contrefaçon. Le texte se mord la queue, ce que l'article de Télérama résume en « Hollywwod se frotte les mains et se mord les doigts. »

Vouloir un format politiquement correct des images, modifier le format des scènes, respecter le format de l'œuvre (3 formats non-électroniques), protéger le format numérique de la contrefaçon : ce quatuor n'est pas constitué d'éléments toujours très compatibles. Un quatuor qui repose sur le numérique et ses possibilités. Avec des formats numériques qui n'ont rien d'ouvert (avec entre autres les DRM comme ceux dans Windows XP ou ceux refusés en Nouvelle Zélande et autres verrouillages, qui ne permettront pas l'interopérabilité).

Sources et liens :
  • Article Bush pirate la loi antipiratage, de Mathilde Blottière, Télérama n°2890 du 4 au 10 juin 2005, page 22
  • Le site de la société ClearPlay, en anglais, http://www.clearplay.com