Le RFID et Gillette, en 2003

Myosotis, ne m'oubliez pas : été 2003, Gillette, ses lames jetables et le RFID.

Le format des lames jetables de rasoir est un bon exemple de format physique fermé du domaine non-électronique : pas d'interopérabilité c'est-à-dire pas de lames autres que celles du rasoir précis concerné, même au sein de la même marque. Le modèle économique sous-jacent est d'ailleurs bati sur ce principe, avec celui de la vente de masse. Mais ce verrouilage ne concerne après tout « que » des lames de rasoirs (et non pas vos données, vos archives, votre travail).

Le RFID est la Radio Frequency IDentification, soit l'identification par fréquence radio. Le principe ? N'importe quel objet peut comporter de petits marqueurs (petites puces, appelées tag) ajoutés qui fournissent des informations à l'appareil de lecture qui les sollicite par ondes radio. Ces informations sont contenues sur le marqueur et peuvent être utilisées pour le suivi des stocks, l'accès à des zones, la tracabilité de produits,...

Comme souvent dans les technologies, il peut y avoir des utilisations problématiques par rapport à la vie privée : les puces RFID réinscriptibles sur des passeports ou des cartes d'identité et les contrôles distants possibles et sans informer ; les marqueurs RFID sur des produits suivis hors de l'enceinte de vente ; des informations ajoutées sans avis,... Les utilisations dans un sens ou dans l'autre ont de nombreux exemples qui se multiplient avec l'utilisation de plus en plus fréquente du RFID.

Un ancien exemple, officiellement abandonné, a été celui de l'utilisation de puces RFID sur les lames jetables Gillette : cela se déroulait il y a 2 ans, à l'été 2003, dans un supermarché anglais. Chaque personne qui prenait un paquet de lames du présentoir était prise en photo : l'appareil de lecture de puce RFID détectait le déplacement du produit et déclenchait une photo de l'achat. Et lors dela sortie, la puce RFID idiquait son passage et une autre photo était prise, puis comparée à la première pour s'assurer de l'achat.

Cela avait été dénoncé avec appel au boycott. Gillette avait alors annoncé qu'il renonçait pour dix ans à tout procédé permettant de tracer individuellement ses produits et qu'il se contenterait d'implanter des puces RFID dans les palettes et les cartons pour suivre l'acheminement entre les usine et les magasins.

Quant au RFID, ses spécifications ne sont pas celles d'un protocole ou d'un format ouvert : il y eut au départ absence d'accord entre les industriels, puis établissement d'une norme mais soumise à brevet.

Sources et liens :