Conférence : le format Google, le format BnF, en version numérique et non-numérique...

La date et le lieu : le vendredi 17 mars, Paris, porte de Versailles, premier jour du Salon du livre 2006 ; à 10h00, dans une des salles de conférence, début de la table ronde.

Le sujet : Bibliothèques numériques : quels projets ? quels enjeux ?.

Les 3 intervenants : Jean-Noël Jeannenney [1], Président de la Bibliothèque nationale de France (BnF) ; Mats Carduner [2], Directeur général de Google France ; et David Burman Bearman [3], de l'OCA (Open Content Archive ; cependant ce dernier était en retard et il n'arrivera que bien plus tard).

Les formats numériques : des informations

Le sujet de la bibliothèque numérique européenne est bien sûr directement concerné par les formats (et protocoles) ouverts ou pas. La chronologie détaillée du dossier spécial l'atteste depuis janvier 2005, et il en a été question lors de la table ronde.

Pour Google : il s'agit de rendre accessible « le plus de livres, le plus d'auteurs, au plus de monde », en travaillant avec les éditeurs, avec les auteurs, avec les libraires et avec les bibliothèques, au travers de programmes spécifiques. Cette approche permet de faire vendre et de faire vivre et revivre les livres.

Pour la BnF : le projet de bibliothèque numérique européenne avance, largement repris depuis janvier 2005, avec de récentes décisions et réunions. Il s'agit de perpétuer « les richesses admirables des différents pays » et de les faire circuler, dans le respect des auteurs, des éditeurs et en conjuguant initiative publique et privée. Avec les sujets de la conservation et de la pérennité des données numériques, ou avec aussi « l'annonce solennelle de l'affichage en temps réel du nombre de livres numérisés ».

Pour l'OCA : il s'agit de proposer des contenus numérisés ou numériques, encore couverts par des droits ou pas, dans un environnement accessible, interopérable, en s'étant mis d'accord sur des standards techniques communs et un accès gratuit (pour les contenus qui ne sont plus couverts).

Les formats non-numériques : le match BnF-Google...

Mais il y avait un autre aspect : les « formats » non-numériques en présence. En effet, chacun des intervenants avait son profil, ses caractéristiques, sa personnalité... Deux formats s'opposaient principalement : d'un côté, « le format BnF-Jean-Noël Jeanneney » et de l'autre, « le format Google-Mats Carduner ».

Pour Mats Carduner, il y a une jeunesse manifeste, avec aussi une attitude qui était un peu sur la défensive, à expliquer et à argumenter devant un auditoire pas forcément favorable, au sein d'un salon du livre à Paris où Google venait pour la première fois... qui plus est avec ce dossier polémique de bilbiothèque numérique. Une position un peu délicate et donc un intervenant pas autant à l'aise.

Pour Jean-Noël Jeanneney, la situation était totalement inverse. Intervenant « chez lui » à Paris, à l'origine de la réaction « anti-Google », il faisait preuve d'une grande aisance. Il utilisait l'humour, les formules préparées qui marquent (« Nous existons depuis François Ier, vous depuis Clinton » [4]) et maniait fort habilement la langue (citation de Nicomède [5]), les tournures et le ton, en homme de communication averti et cultivé (« Je suis ravi d'être là parmi vous à propos de ce qui nous rassemble, le bonheur du livre »).

Il ne faudrait pas ignorer « le format OCA-David Bearman », avec des propos en anglais au ton grave et posé, avec un look cadre décontracté de la côté ouest des USA et avec « une approche typiquement hippie de la côté ouest », comme cela a même été dit en autodérision.

Mais finalement, dans ce match des formats, avantage à la BnF avec Jean-Noël Jeanneney.

Sources et liens :
  • [4] Article Le point sur la bibliothèque numérique européenne, magazine Chroniques de la Bibliothèque nationale de France, n°34, printemps 2006, page 25 et 26, propos recueillis par Marie-Noële Darmois
  • [5] Car c'est ne régner pas qu'être deux à régner., La mort de Pompée, Corneille, http://www.dicocitations.com/resultat.php?id=746