Quand un élément (le format) en implique un autre (le logiciel) qui en nécessite un troisième (la version) et un quatrième (le système d'exploitation) pour finir avec un cinquième (le matériel)

Le mot « chaîne » peut être compris au sens « d'éléments qui se succèdent » : la chaîne alimentaire, la chaîne de l'information ou de production avec leurs différentes parties qui en constituent les maillons. On peut aussi comprendre le terme au sens d'entrave et d'emprisonnement : être enchaîné.

Dans le monde du numérique, les 2 sens sont souvent présents simultanément : il y a une chaîne logicielle et matérielle, due aux conditions techniques, et cette chaîne est aussi source de limitations fortes.

Prenons un exemple où toute ressemblance avec l'actualité très récente est volontaire, mais non exclusive (voir plus bas).

« Voilà toujours plus de video en ligne ! » : vous pouvez acheter, puis regarder, des émissions de télé, des clips video et maintenant aussi des films de cinéma. Comment faire ?

« C'est très simple » répond (forcément) l'éditeur : vous allez sur un site Web et vous achetez et visionnez en quelques clics. C'est exact, mais ce n'est peut-être pas aussi facile, ni aussi complet comme description.

Reprenons les choses pas à pas :

  • pour le site : c'est un site Web, mais consultable uniquement avec un logiciel spécial, du fait du format du site Web ;
  • pour les émissions, video, films : ce sont des fichiers numériques, mais utilisables uniquement avec un logiciel spécial, du fait du format de ces contenus ;
  • pour le logiciel : c'est un programme gratuit et téléchargeable, mais utilisable uniquement avec certains systèmes d'exploitation, du fait des formats techniques ou de contrôle (les DRM) ;
  • pour les systèmes d'exploitation : c'est le logiciel qui fait fonctionner les ordinateurs, mais qui existent en différentes versions plus ou moins récentes, du fait des formats techniques ;
  • pour les différentes versions : c'est l'amélioration logique des programmes qui fait que ces versions existent au fil du temps, mais qui sont liées aux performances des matériels ;
  • pour les matériels : c'est l'élément physique, mais qui est plus ou moins récent, plus ou moins performant.

Conclusion : en partant d'un simple contenu numérique, son format peut déterminer toute la chaîne des éléments nécessaire à son utilisation (un peu emprisonné comme on peut l'être par une capsule de café). C'est logique en un sens, il y a des caractéristiques techniques. Mais le danger est tout de même là : si le contenu n'est utilisable qu'avec certains logiciels que sur certaines machines du fait du format fermé, la facilité et l'universalité disparaissent.

L'universalité ? Oui, celle qui fait que sur toute télévision on peut voir les chaînes hertziennes classiques ; que sur tous téléphones, fixes ou mobiles, on peut appeler son correspondant ; qu'avec tous les appareils radio, on écoute les émissions de radio ; que tous les lecteurs de CD permettent d'écouter les vrais CD audio ; et auparavant, même chose pour les disques 45 et 33 tours et les cassettes audio avec n'importe quel appareil, tourne disque et magnétophone. On appelle aussi cela l'interopérabilité. Et elle est très liée à l'utilisation de formats ouverts.

Pour finir, 3 précisions :

  • tout d'abord, l'interopérabilité est en action dans ces lignes : vous lisez ce texte dans un logiciel (un navigateur Web ou encore un lecteur RSS), quel que soit son nom et sa version, avec une machine (ordinateur, téléphone portable récent, assistant numérique), quel que soit sa marque, son modèle et son âge ;
  • ensuite l'exemple précis derrière cette description est la disponibilité de films de cinéma sur le site iTunes Store d'Apple (avec le logiciel iTunes 7), annoncée mardi 12 septembre lors de la keynote de Steve Jobs au salon Apple Expo à Paris [1] ;
Sources et liens :
Et sur Formats-Ouverts.org :