Un cas de plus
Précision importante (ajoutée le 26 février à 23h41), à lire avant l'article : les lignes ci-dessous traitent du problème des liens hypertextes pour lesquels certains sites exigent des demandes d'autorisation préalable (comme celui ci-dessous, mais aussi comme RATP.fr ou Prevention-Tabac.com). Cette approche est une méconnaissance du Web dans le cas d'un lien hypertexte normal, c'est-à-dire pour accéder directement à la source d'une information (sans imbrication, sans tricherie du nombre de liens, sans lien depuis des contenus calomnieux). L'article ne traite que de cela et les commentaires qui ne portent pas sur ce sujet ne sont pas pris en compte (une autre formulation serait celle du Troll Detector hors sujet de Maître Eolas) : merci et dans ces conditions, bonne lecture (le site Formats-Ouverts.org traite des formats ouverts, au cas où vous y arriveriez par recherche interposée et sans le connaître).
(Depuis cet article, ont été signalés les sites de la RATP et celui du salon de l'agriculture qui sont dans le même cas de demande préalable d'autorisation).
Le site Note2be.com a fait parler de lui, « Un site Internet unique en France de notation des professeurs par leurs élèves » [1]. Premier réflexe pour Formats-Ouverts.org : qu'en est-il du format des pages Web et de celui des liens hypertextes ? Des erreurs pour le premier [2] et pour le second, la page des Conditions Générales d'Utilisation (CGU) [3] indique :
« Tout mise en œuvre d’un hyperlien pointant vers le site www.note2be.com exige l’autorisation préalable de note2be.com. »
Le ministère de l'éducation nationale a respecté cette exigence dans son communiqué de presse de condamnation au sujet du site : aucun lien hypertexte (avec une seule fois la mention du nom). Même chose pour la CNIL [4].
Mais cette exigence est tout de même un peu surprenante pour un site Web : pourquoi exiger une autorisation préalable pour établir un lien vers le site ? Le lien est la base du Web, il est à un format ouvert, il contribue à l'interopérabilité, c'est une citation-référence avec toute la puissance d'Internet et n'en est pas un de ses maux.
En allant dans le sens de cette exigence, on pourrait se demander si l'autorisation est écrite ou orale ou les deux ? à qui adresser cette demande d'autorisation préalable écrite : à l'adresse postale de la page CGU (il n'y a pas d'adresse électronique) ou à l'adresse électronique de la page presse ?
En prenant l'exigence à la lettre, il est même interdit sans autorisation préalable d'écrire l'adresse du site dans un courriel, car cela établit automatiquement un lien cliquable vers le site ! Sans parler des moteurs de recherche qui proposent eux aussi des liens après une requête.
Mais cela n'est hélas pas originale comme approche du Web : Pfizer (mention contamination), Sony (mention traduction), Dozier Internet Law (mention code source), la Rugby World Cup, les Autoroutes.fr, HSBC, Banque populaire, la Halde, France 24, Téléthon, la FFF, RTL, la FdJ ou les JO d'Athènes sont dans le même cas.
Avant de commenter, merci de lire la précision liminaire.
Sources et liens :
- [1] Page Presse, Lancement de www.note2be.com, le 30 janvier 2008, http://www.note2be.com/press
- [2] Page du Validator W3C pour Note2be.com, http://validator.w3.org/check?uri=www.note2be.com (un format clair)
- [3] Page Conditions Générales d'Utilisation, CGU, http://www.note2be.com/cgu
- [4] Communiqué de presse :
- Xavier Darcos condamne avec fermeté l'ouverture de sites du type « Note2be », le 13 février 2008, http://www.education.gouv.fr/cid20977/xavier-darcos-condamne-avec-fermete-l-ouverture-de-sites-du-type-note2be.html
- Note2be.com, le site de notation des professeurs, contrôlé hier par la CNIL, le 14 février 2008, http://www.cnil.fr/index.php?id=2394
Et sur Formats-Ouverts.org :
- le jeudi 15 février 2007 : 1 article (6 heures à 20 Minutes !)
- le mercredi 15 février 2006 : 1 article (Ah ces numéros : format dièse ou pas ?)
- le mardi 15 février 2005 : 2 articles (10 février 1998 : XML 1.0 ; La chaîne de l'Assemblée Nationale : un seul format)
7 réactions
1 De teflon - 22/02/2008, 17:23
Si on s'en tient stricto sensu à son voeu, il faudrait donc demander son autoristion pour créer un lien de citation intérieur de son forum? ya des règlements qui sont vraiment ....
2 De Un passant - 25/02/2008, 11:04
Je me demande si Google a demandé l'autorisation pour faire un lien vers ce site...
3 De babibelle - 25/02/2008, 23:45
si la liberté d'expression est a préserver dans le sens de conserver une démocratie, il ne faut cependant pas qu'elle devienne un moyen de fabriquer des rumeurs.
le lien informatique n'est pas en cause ici. Ce qui est en cause ce sont les conséquences possibles d'atteinte à la dignité des hommes et femmes qui enseignent.
de plus les liens informatiques sont a controler si l'on veut pouvoir protéger ses proches de certains criminels.diffamateurs, pervers sexuels, tyrans ont eux aussi accès au web et peuvent élargir facilement leurs actions antisociales.
4 De une passante - 26/02/2008, 00:56
tout lien placé sur une page web, vers une page web, est soumis à l'autorisation du propriétaire du site ciblé par le lien. c'est la loi, et il y a déjà une jurisprudence.
pourquoi?
parce qu'un lien peut être préjudiciable à un site (black hat seo, google bombing -d'ailleurs c'est ce qui se passe avec note2be, il y a un bombing sur l'article "big brother" de wikipédia, qui apparaît quand on recherche "note2be" dans google), mais aussi en étant placé dans des "environnements qui peuvent nuire à l'image" d'un site: par exemple si des milliers de sites pornos font un lien vers ce site, je ne suis pas sûre que le site en ressorte grandi, en termes d'image.
bien sûr, il va de soi que cette disposition est inapplicable...
5 De Thierry Stoehr - 26/02/2008, 23:55
Pour le pseudonyme babibelle : le contrôle des liens hypertextes est très difficile (mettre une adresse dans un message instantané n'est pas controlable a priori, ni dans un PDF avec lien cliquable). L'information et la formation des utilisateurs jeunes ou pas est sans doute le meilleur moyen pour lutter contre tous les abus (ici la casquette d'enseignant est vissée).
Pour le pseudonyme une passante : la loi et la jurisprudence mentionnées seraient intéressantes, même si elles ne peuvent concerner des liens qui sont les sources directes (sans imbrication, sans tricherie du nombre de liens, sans lien depuis des contenus calomnieux).
6 De Izy - 27/02/2008, 15:15
Alors là, c'est la meilleure, celle-la ! Ce site, qui cite nominativement et jette en pâture à la sottise tout un tas de gens sans leur demander quelque autorisation que ce soit, exige qu'on lui demande son autorisation pour être cité en lien hypertexte ?!
On croit rêver !
C'est de l'ineptie pure et simple. Un cas (d'école !) de tératologie webique, même.
7 De Philou - 03/03/2008, 20:57
@ Passante :
je serais très intéressé par la référence de cette jurisprudence. Je me rappelle vaguement en avoir lu une interdisant les "liens profonds" permettant de reprendre sur un site le contenu d'un autre, sans le citer, mais pas sur les hyper-liens traditionnels.
Merci !