La première révolution de 2009 pour les chaînes de France Télévisons a été la suppression de la publicité après 20h, et donc le nouvel horaire de 20h35. Mais ce nouveau format de programmation n'est rien en comparaison de cette information :

Quand on va sur le site de France Télévisions L'info en video [1], un message s'affiche (sauf si Silverlight est déjà installé), depuis au moins fin janvier :

Le contenu que vous avez demandé nécessite l'installation de la dernière version de l'application "Microsoft Silverlight 2".

Puis on a un bouton « Installez Microsoft Silverlight » et la suite du texte indique :

Si vous ne souhaitez ou ne pouvez pas l'installer, vous pouvez néanmoins accéder à la totalité de notre offre de vidéos d'informations mais sans les services avancés SilverLight.

Avertissement : Silverlight 2 n'est pas compatible avec les processeurs de type PowerPC.

Version Windows requise : 2000, XP SP2, Vista et supérieur,

Version Mac OS requise : Mac OS X 10.4.8 et supérieur.

Au-delà de l'affichage

Voilà pour les faits à l'écran, auxquels il faut tout de suite rajouter une grande discrétion apparente : aucun communiqué de presse sur le site de Microsoft France [2] ni sur celui de France Télévisions (le dernier est en date du 21 mai 2008) [3].

Pourtant cette décision technique du service public à propos de ses video est un choix important de format qui concerne la pérennité, l'archivage, le coût, l'ouverture (à tous) ou encore l'interopérabilité :

  • toutes les machines ne peuvent pas utiliser Silverlight directement, même si cela peut constituer un faible pourcentage (les ordinateurs à processeurs PPC ou MIPS, les ordinateurs avec Linux même si une version est prévue, certains navigateurs) : le service public ne s'adresse-t-il pas à tout le monde sans discrimination technologique ? (même si cela n'est pas facile)
  • plus encore que le seul Silverlight, c'est donc l'environnement nécessaire à Silverlight qui compte : le navigateur et sa version, le système d'exploitation et sa version, le type de microprocesseur. On peut rencontrer ces questions pour toutes les technologies, mais dans ce cas on retrouve le principe des dominos ou de la réaction en chaîne qui enchaîne : un élément nouveau fermé qui a des répercussions sur tous les autres (obligeant à changer) ;
  • qui dit document video dit conservation et mémoire, et donc archivage des informations : cette solution offre-t-elle le maximum de contrôle des contenus produits indépendamment des fournisseurs ? quid d'une migration lors d'un changement de technologie : quelles pertes ?

En janvier 2009, Silverlight a certes été utilisé par le Presidential Inaugural Committee pour la retransmission vidéo sur Internet de la cérémonie d'investiture du président Barack Obama [4]. Mais en 2008 la chaîne NBC avait tout d'abord choisi Silverlight pour les video de son site sur les JO d'été de Pékin, mais au vu du peu de succès est revenue sur sa décision après les JO en reprenant le format fermé Flash Video. [5]

Voilà donc encore une guerre de format, en video, un sujet capital où pourtant les solutions en format ouvert avec Ogg Theora continuent d'avancer à grands pas avec la version 1.0, l'aide de la fondation Mozilla, le site Web DailyMotion (et son OLPC Channel) ou encore le navigateur Firefox (version 3.1).

Dans la guerre des formats video fermés (Flash video, Quicktime, Windows Media Video, Real Video), le service public ne pourrait-il (ne devrait-il ?) pas se montrer moins « suiveur » et utiliser des standards ouverts ?

Sources et liens :
  • Merci à Anne et à Tristan.
Et sur Formats-Ouverts.org le 2 février :