(Le texte ci-dessous est celui diffusé dans le dossier de presse des RMLL 2004 et reprend ce que j'ai développé à l'occasion de ma conférence de ce jour.)

Lors de la cinquième édition des Rencontres Mondiales des Logiciels Libres (RMLL), du 6 au 10 juillet 2004 à Bordeaux, le mardi 6 juillet, conférence présentant l'importance capitale des formats de données, avec la définition donnée par la LCEN (loi sur la confiance en l'économie numérique) des standards ouverts et annonce du lancement du site "Pour les formats ouverts !", http://www.formats-ouverts.org.

Après l'ouverture de la partie "grand public et éducation" des RMLL 2004, la première conférence proposée expliquait le rôle crucial des formats de fichiers et ses répercussions, notamment ses dangers.

En effet, tout utilisateur de logiciel, lorsqu'il enregistre son travail (rédiger un texte, saisir un rendez-vous avec une adresse, établir un tableau mensuel de valeurs,...) il produit un fichier. Ce fichier est enregistré à un format, qui est souvent celui du logiciel, fait par le logiciel et fait pour le logiciel.

Et là, deux cas de figure se présentent :

  • le format est fermé : on ne sait rien dessus, de son fonctionnement, uniquement déténu par l'éditeur du logiciel ; les coulisses sont inconnues ; la dépendance est totale.
  • le format est ouvert : on connait son fonctionnement, ses coulisses techniques, qui sont publiées, connues, réutilisables librement ; il y a indépendance.

Les formats fermés sont par exemple ceux de Word (traitement de texte de Microsoft) ou de QuattroPro (tableur de Corel). Le formats ouverts sont par exemple le HTML, le format des pages Web qui est connu, publié par le W3C (World Wide Web Consortium, http://www.w3c.org) ou le PDF, établi par Adobe, connu et librement utilisable, pour diffuser une version figée de son document.
Mieux : il existe des formats ouverts et structurés, ce qui est meilleur encore, tels que XML et ses dérivés, de plus en plus utilisés par l'ensemble de l'industrie informatique.

Dans le cas des formats fermés, les informations saisies ne sont pas maîtrisée par les auteurs, car dépendent des décisions de l'éditeur du format. On a ainsi 5 dangers, souvent rencontrés par les utilisateurs :

  • Impossible de communiquer et d'échanger l'information :
    • si le logiciel n'est pas présent sur les machines destinatrices : quand le logiciel n'existe pas pour sa machine ou est trop cher pour être acquis, pas d'accès à l'information !
    • si le logiciel des destinataires n'est pas la même dernière version utilisée par l'auteur du document, le fichier, au dernier format fermé en date n'est pas utilisable par le logiciel dans ses versions précédentes.
  • Aucune pérennité de l'information :
    • si l'éditeur renonce à prendre en compte un format jugé trop ancien dans son logiciel actuel, les informations produites (par les particuliers, les entreprises, les administrations, les associations) ne seront plus exploitables ;
    • si l'éditeur arrête le développement et la vente de son logiciel (pour recentrage de sa gamme de produits, pour rentabilité trop faible), les fichiers n'ont plus l'outil pour les lire : informations aussi perdues ;
    • si l'éditeur disparait (faillite, rachat, fusion), les informations sur les fichiers au format fermé de ses logiciels dispaissent aussi... et donc la possibilité de les réutiliser.

Ces dangers des formats fermés peuvent-ils être encourus, alors que ces dangers sont connus et que des formats ouverts équivalents existent ? Sans doute non, encore moins par les services publics, mais aussi par les entreprises ou les particuliers. L'interopérabilité, c'est-à-dire l'utilisation possible sans logiciel exclusif, doit être assurée. Ainsi que la pérennité.

Tous ces points sont d'ailleurs indiqués depuis le 22 juin dernier dans l'article 4, titre Ier, chapitre Ier de la LCEN :

"On entend par standard ouvert tout protocole de communication, d'interconnexion ou d'échange et tout format de données interopérable et dont les spécifications techniques sont publiques et sans restriction d'accès ni de mise en œuvre." Source : http://www.legifrance.gouv.fr/WAspad/UnTexteDeJorf?numjo=ECOX0200175L

Cette conférence s'est terminée par l'annonce de l'ouverture depuis le 1er juillet du site Formats-Ouverts.org, "Pour les formats ouverts !". Sous forme d'un journal (weblog ou blog), des informations, l'actualité liées aux formats ouverts (et aussi fermés) y sont reprises et développées. Ce site se veut une contribution à l'utilisation des formats ouverts au côté de sites déjà établis comme StandBlog (http://www.standblog.org) et OpenWeb (http://openweb.eu.org) à propos des standards du Web, ou du groupe de travail Interop de l'AFUL sur l'interopérabilité (http://www.aful.org/gdt/interop).