L'article L'INA a la mémoire qui flanche de Sophie Bourdais (Télérama n°2843 du 7 juillet 2004, page 64 à 66) souligne les problèmes rencontrés par l'Institut National de l'Audiovisuel pour passer au numérique... et pour le conserver.

Tout d'abord, l'INA doit transformer ses données analogiques en numérique :

Notre mémoire télévisuelle est en péril : les films et les bandes videos résistent mal à l'épreuve du temps. On estime entre douze et quinze ans l'espérance de vie des films, menacés par le "syndrome du vinaigre", et six ans celle des divers formats vidéo qui se sont succédésde 1962 à 1990 (...). Plus inquiétant encore, beaucoup de ces documents n'existent qu'en un seul exemplaire, et on ne trouvera bientôt plus de machines pour les lire. Avec un million sept cent mille heures d'archives radio et télé analogiques menacées de disparition, l'institut national de l'audiovisuel s'est lancé, dès 1999, dans une véritable course contre la montre pour sauver ce patrimoine en péril.(...)

Ensuite, ses stocks numériques doivent être conservés, en évitant de ne plus pouvoir les lire et en empêchant leur dégradation :

Dans une salle ultra-sécurisée, deux grosses "bibliothèques" informatiques stockent les programmes numérisés. Elles n'ont que trois ans et sont déjà pleines. L'une et l'autre renferment plus de mille six cents cassettes, qui contiennent chacune quarante-sept heures d'émission. Une troisième, plus petite et plus récente, contiendra à terme mille sept-cent cassettes d'un nouveau standard, Sony ne fabriquant déjà plus le précédent ! C'est un processus sans fin. On va bientôt devoir faire migrer le contenu des deux premières "bibliothèques" dans la troisième, constate Bernard Rocher, responsable du SNC (projet Sauvegarde Numérisation Communication).(...)

Avant même le problème du format numérique retenu, c'est bien :

  • le problème du format physique de stockage de ces données numériques qui est crucial : comment lire des supports dont on n'a plus les lecteurs ;
  • le problème de l'entretien de ces stocks numériques : même les supports numériques subissent des dégradations, des altérations, que l'on doit éviter avec plusieurs exemplaires, régulièrement recopiés.

Et cela pour l'INA comme pour les autres structures qui ont (ou auront) des archives numériques. (Merci à Tristan pour avoir signalé l'article).