« Une expérimentation de l'interopérabilité »

Début août avait lieu le salon LinuxWorld à San Francisco. A cette occasion, le service de presse (PressPass) de Microsoft a interviewé Bill Hilf (Director of Platform Technology Strategy), responsable du « Linux/Open Source Software Lab » (laboratoire Linux et logiciels open source).

Comme l'indique le sous-titre de cet article et de celui en ligne, ce « laboratoire de recherche fonctionne comme une expérimentation de l'interopérabilité ». L'interopérabilité est donc de nouveau mise en avant, comme pour la police écossaise ou comme dans l'approche officielle de Microsoft.

Si on prend le texte, au travers des 7 questions, on trouve :

  • 17 fois « interopérabilité » ou de la famille (avec 13 fois « interoperability », 2 fois « interoperate », 2 fois « interoperable »)
  • aucune fois le terme « format »
  • 2 fois « standard » (qui plus est ouvert !) : « our strong support for open standards » et « open standards – not open source – that help [...] »

Quand on lit le texte de plus près, plusieurs remarques sont à faire. Tout d'abord, il n'y a aucune mention du texte de la Direction de Microsoft, écrit par Bill Gates, qui annoncait début février que l'interopérabilité était une priorité de Microsoft ! Oubli volontaire, manque de place, ignorance de l'information ? Toujours est-il que cela est vraiment surprenant.

Ensuite, un peu contradictoire, ces « standards ouverts » sont précisés comme n'étant pas « open source » : un standard n'est ouvert que si ses caractéristiques lui donnent bien cette qualification, et les standards liés à l'open source ou aux logiciels libres sont des standards ouverts.

Enfin un passage intéressant est à relever à propos de l'approche générale :

Ils (les clients) ont choisi une technologie, un système d'exploitation ou une application basés sur sa possibilité de résoudre un problème particulier, et non pas basé sur le fait que ce soit un logiciel propriétaire ou open source (They choose a technology — an operating system or an application — based on its ability to solve a particular problem, not based on whether it’s proprietary or open source)

Or que le logiciel (ou le système d'exploitation ou la technologie) soit propriétaire ou pas est un « problème particulier » à résoudre. En effet, être indépendant techniquement, avoir la maîtrise de ses données, bénéficier rapidement d'améliorations, garantir la pérennité sont des problèmes que les logiciels libres et les standards ouverts peuvent résoudre.

En fait, le format de l'approche de l'interview semble être de partir de l'architecture en la posant comme fixée : Windows (« Windows offers that capability in abundance »). Et à partir de celle-ci batir des solutions. Le principe des formats ouverts est au contraire de proposer des solutions interopérables, liées à aucun système particulier (que ce soit les Windows, les UNIX, Linux, Mac OS X, les BSD,...).

Sources et liens :