Une conférence devant des documentalistes : l'exemple du cahier du gendarme

Jeudi 24 novembre, de 9h45 à 10h55, je suis intervenu devant une centaine de documentalistes de l'éducation nationale lors la journée professionnelle d'Ile de France, qui était organisée par le CRDP (Centre Régional de Ressources Pédagogiques) de Paris. Elle se tenait au salon Educ@tice, où j'intervenais aussi l'après-midi dans une table ronde publique.

La présentation portait sur 3 points :

  • les données (avec leurs formats ouverts ou fermés) et les 5 dangers possibles en voulant les utiliser : vous n'avez pas le seul logiciel qui sait les lire, vous n'avez pas la bonne version, la société qui fait ce seul logiciel capable de lire les données arrête une ancienne (selon elle) version de format, la société arrête le logiciel, la société disparaît.
  • les licences qui régissent les données ou les logiciels, avec la nécessité de bien les lire et de les comprendre, que ce soit pour les logiciels libres ou propriétaires.

Les sujets de l'interopérabilité, de l'archivage ou les premiers pas ont été cités pour comprendre les formats ouverts définis dans la loi française. Mais il n'a pas été possible, faute de temps, de signaler de nombreux points, comme les dossiers de synthèse sur les bibliothèques numériques ou les DRM de plus en plus présents.

Et le cahier du gendarme ?

Le point de départ de mon intervention reposait sur un fait divers récent mis en avant dans l'actualité de cette semaine. Et le sujet des formats y était là aussi présent. L'histoire ? Dans la commune de Gresse-en-Vercors, un meurtre de 1913 a enfin été élucidé, à la suite de la découverte des restes d'ossements de la victime et des analyses ADN pour l'identifier, 92 ans après. Et les formats ?

Il y avait aussi un autre élément clé pour résoudre l'affaire : les notes prises à l'époque par un gendarme, qui mentionnaient dans son journal une altercation entre la victime et son futur assassin. Le cahier du gendarme, le livret militaire de la victime (qui a confirmé des faits) ou le dossier de l'époque furent capitaux... tous au format papier.

Et maintenant... pensez à 2097, dans 92 ans. Comment lira-t-on la clé USB, le CD Rom gravé ou le disque dur où quelqu'un aura enregistré ses notes prises en version numérique ? Et si la lecture du support est possible, comment ouvrir et consulter le fichier au format fermé impossible à comprendre ? Nous sommes dans un monde numérique, donc avec une mémoire numérique... et avec ses aspects problématiques : les formats des supports et les formats des données face au temps, pour l'archivage. Les formats numériques ne sont pas pérennes, ils nécessitent eux aussi un suivi et une gestion.

Sources et liens :