Arte diffuse un documentaire ; puis le site Web d'Arte le rediffuse : mais voici les formats...

Le lundi 24 avril 2006, Arte diffusait à 20h40 le documentaire de Hubert Sauper, Le cauchemar de Darwin [1] (sur le réseau hertzien analogique). Un film au format 110 minutes, en première partie de soirée, comme le disent les expressions consacrées.

Avec un téléviseur, petit ou grand, du plus simple au plus complexe, de l'écran plat à celui avec tube cathodique, et quelle que soit la marque ou l'année de fabrication, il était possible de suivre l'émission. C'est l'interopérabilité en action (comme pour la radio hertzienne).

Dès le lendemain, il était possible de regarder à nouveau l'émission, depuis le site de video à la demande (VoD)d'Arte [2]. Et commence alors la longue marche vers la quintuple homologation :

  1. la « connexion » : bas débit (RTC) ou haut débit (ADSL par exemple) ? Il faut « 512 Kbps minimum » ;
  2. la « configuration » : javascript et cookies doivent être acceptés ;
  3. le « lecteur video » : logiciel Windows Media Player ou pas ? Il le faut ;
  4. le « navigateur Internet » : logiciel Internet Explorer 5.5 (minimum) ou pas ? Il le faut (« incompatibilité pour Netscape et Firefox ») ;
  5. le « système d'explotation » : logiciel Windows 2000 ou Windows XP ? Ils sont « requis » [3].

Les 2 premiers critères ne sont pas exclusifs à un type de machine. En revanche, les 3 suivants forment une triple chaîne, avec système d'exploitation Microsoft et navigateur Web Microsoft et lecteur video Microsoft (« MS(OS+browser+player) » dans un format anglais et pseudo mathématique).

Pour ce qui est de Windows, il peut sembler logique de le prendre comme base de départ. Cependant, c'est presque 20% des utilisateurs (et clients) qui peuvent être recalés du fait de l'exclusion du navigateur Firefox (comme pour le Sénat). Et le logiciel de lecture video est celui dont l'Europe a demandé le retrait pour abus de position dominante.

Alors ? D'une certaine manière, rien de surprenant : c'est le principe de la chute des dominos, appliquée au numérique. Au départ, il y a le format video, Windows Media Video... qui fait tomber le logiciel Windows Media Player... qui fait tomber le logiciel Internet Explorer... qui fait tomber le logiciel Windows sur les machines. D'un format de fichier, c'est une succession de logiciels dédiés qui s'impose : voilà pourquoi la guerre des formats a lieu.

Arte l'avait indiqué en février 2006, le WMV, le format video fermé de Microsoft, était celui retenu. Qu'en penser ?

  • Format pessimiste : voici une chaîne de télévision (publique européenne) de plus qui se trouve prise dans la logique implacable d'un format fermé très présent et redoutable par ses conséquences.
  • Format optimiste : il y a sans aucun doute des raisons à ce choix, et sans aucun doute aussi la possibilité de faire entendre qu'une autre solution existe : la video avec des formats ouverts, cela existe déjà. Et ainsi faire évoluer le verdict du site : « Nous sommes désolés mais votre configuration actuelle ne permet pas de profiter des services du site. » Chiche ? S'il y a une personne d'Arte dans la salle...
Sources et liens :