Cinéma et télévision : les 2 formats s'affrontent
Note : Cet article a été écrit au conditionnel au moment de sa rédaction (le 2 septembre), en supposant que le sujet (moins de films de cinéma à la télé, plus de séries, notamment le dimanche soir) pouvait faire réagir. Et il y a des réactions, voir la mise à jour en fin d'article.
La colère gronde dans le milieu du cinéma français, pourrait-on dire. Et l'agitation des coulisses passerait un peu sur le devant de la scène. Le motif : la télévision et ses programmes de soirée.
Il semblerait que cela couvait depuis quelques temps, et les programmes télé de rentrée auraient fait déborder le vase. L'élément déclencheur : la semaine du 2 au 8 septembre (la semaine télé va du samedi au vendredi), notamment avec le dimanche 3 septembre.
« Le cinéma à la télé est mort ! » s'exclame un réalisateur. « Regardez les programmes : les faits sont là. Avec les 5 chaînes générales [TF1, France 2 et 3, ARTE-France 5, M6], en une semaine cela fait 35 soirées, donc 35 programmes de prime time. Combien de films de cinéma ? Six la semaine du 2 septembre ! Et c'est tout , 6 sur 35, tout juste un peu plus de 1 sur 6 ! Et les 29 autres, c'est télé-réalité et séries... »
« Faites le calcul : 17,10% de PDM [part de marché] » rajoute un producteur. « Avec le coup du 3 septembre, c'est plus qu'un camouflé pour le cinéma, c'est un reniement ! Et le reste est de la même veine : sport, docu, télé-réalité et surtout les séries, françaises ou américaines, avec les Lost, Desperate Housewifes, Cordier, Secrets du volcan et autres Experts, Cold case ou Prison Break. La liste est longue... »
Le « coup du 3 septembre », c'est la programmation télé en soirée du dimanche 3. « Rendez-vous compte, le film du dimanche soir a totalement disparu, c'est une première. C'était une institution. Il n'y a pas de film de cinéma le vendredi ni le samedi pour inciter les gens à aller dans les salles obscures. Retour le dimanche. Mais là, c'est une absence totale, et c'est hélas inédit. Il y a bien eu parfois Urgences les dimanches soirs, mais il y avait toujours un film de cinéma sur une chaîne concurrente. Et il y en avait aussi en semaine, les mardis et les jeudis notamment. Mais maintenant, c'est la misère et le désert. Place aux séries... »
Certains essayent de relativiser et de trouver quelques éléments positifs : « Avoir en même temps 3 épisodes Les Experts sur TF1 et 3 Cold Case sur France 2, sans film de cinéma, c'est vraiment la guerre des chaînes au travers de cette guerre des séries. On peut tout de même relever que le réalisateur des 2 premiers épisodes Les Experts diffusés [les 2 derniers épisodes de la saison 5] est Quentin Tarantino, un homme de cinéma. Mais c'est une maigre consolation. »
Une analyse fournie par un scénariste enfonce le clou : « Le format qui marche à la télé n'est plus le film de cinéma. La mode est aux formats plus courts, avec la série comme format presque idéal : moins cher, plus souple, avec un format de narration aux règles connues et adaptables aux formats du public visé. » Et d'asséner : « C'est une guerre des formats, le cinéma et ses films contre la télé et ses séries. Et les seconds dominent actuellement. »
Les lignes de cet article sont fondées sur les programmes télé réels. En revanche, les propos indiqués, plausibles, ne sont que le résultat d'un exercice de style utilisant le format « article au ton sérieux et critique » : ils peuvent avoir été tenus mais ne sont pas des propos entendus ; d'ailleurs aucun nom de personne n'est donné, et la catégorie est humour (mais il y a bien des formats partout).
Mise à jour du 9 septembre : TF1 a annoncé que le film de cinéma du dimanche soir était remplacé par la série Les Experts pour les prochaines semaines. Le journal Le Parisien Aujourd'hui en France a consacré sa une du samedi 9 septembre au sujet : « UNE PAGE de l'histoire de la télévision se tourne ce week-end : dès demain, et pendant trois mois consécutifs, TF 1 va remplacer le sacro-saint « film du dimanche soir » par une série américaine, « les Experts », à 20 h 50. » Avec un sondage et des réactions :
« 52% des Français regrettent la fin du film du dimanche sur TF1 »
« On est cocus », Claude Lelouch, réalisateur
« Il faut se faire une raison : la télé fait de la télé, c'est logique. C'était archaïque qu'elle fasse autant de cinéma. », Pierre Lescure, ancien patron de Canal+
Sources et liens :
- Article cinéma, encyclopédie Wikipédia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Cin%C3%A9ma
- Article série télévisée, encyclopédie Wikipédia, http://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9rie_t%C3%A9l%C3%A9vis%C3%A9e
- Article Quentin Tarantino, encyclopédie Wikipédia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Quentin_Tarantino
- Semaine du samedi 2 au vendredi 8 septembre 2006, les 35 programmes en première partie de soirée, avec (par ordre chronologique et par ordre croissant des chaînes) :
- 11 séries : Lost, Les Experts, Cold Case, Louis la brocante, Commissaire Cordier, Les Secrets du volcan, Le Tuteur, Commissaire Moulin, Prison Break, Boulevard du Palais, NCIS : enquêtes spéciales ;
- 6 films de cinéma : Lili Marleen, In this world, Comment se faire larguer en 10 leçons, Impitoyable, Le Hussard sur le toit, Les Moissons du ciel ;
- 4 documentaires : Savonarole, 11 septembre dans les tours jumelles, Mao, une histoire chinoise (1 et 2) ;
- 4 magazines : Capital, Des racines et des ailes, Envoyé spécial, Thalassa ;
- 4 divertissement : Franck Dubosc, Typiquement masculin, typiquement féminin, La carte aux trésors, Star Academy ;
- 3 téléfilms : Mer belle à agitée, Trois pères à la maison, Ensemble pour l'éternité
- 2 télé-réalités : Koh-Lanta, C'est du propre ;
- 1 sport : match de football France/Italie.
Et sur Formats-Ouverts.org :
- il y a 1 an :
- Une nouvelle prise de position importante du Massachussets (le Massachussets va adopter le format ouvert ODF)
- Windows Vista : citation et déclaration qui laissent songeur (voilà, c'est dit)
- il y a 2 ans : Un même format présent sur deux formats opposés ! (quel format des fichiers video sur les nouveaux DVD ?)
3 réactions
1 De Maxx - 04/09/2006, 18:39
forcément... ils "perdent" de l'argent, donc ils se plaignent...
pour info: dans "ARTE-La 5", c'est France 5.
La 5, ça a disparu il y a bien longtemps... avant l'avènement de La Cinquième, rachetée et renommée France 5 lors par France Televisions en 2002 (cf. fr.wikipedia.org/wiki/La_... et fr.wikipedia.org/wiki/Fra... )
2 De palpatine - 05/09/2006, 09:17
C'est tout à fait vrai, et finalement, ce n'est peut-être pas si grave. Parce que le cinéma est très prolifique ces temps-ci (mais le WE, à part pour les abonnés, ça reste très cher ; raison de plus pour s'abonner, en fait), et qu'il reste toujours Arte, donc perdre une ou deux daubes sur les autres chaînes, ce n'est pas si grave (et par exemple pour hier, ça a peut-être ramené du monde sur le Witterbottom et son traitement de l'immigration clandestine dans "in this world", au format fiction documentaire, repris dans le récent "road to Guantanamo" ; enfin, l'espoir fait vivre).
Il n'empêche que je regrette un peu les bonnes vieilles redif', hier il y avait un Klapisch sur M6 après minuit, ça m'a permis de le (re)découvrir ; évidemment, pour les couches-tôt, pas une chance de s'en sortir (mais cela était vrai depuis longtemps, une bonne émission ou un bon film ne passe pas avant 23h00, c'est une loi immuable).
Bref, si moi aussi j'ai été interloqué par la disparition du film du dimanche soir, je suis totu simplement allé au ciné sans avoir pour remords le fait de rater une quelconque excellente rerere...rediffusion ; et dans tous les cas, la saison de l'opéra commence très bientôt :).
On pourra tout de même remarquer, en conclusion, que les films ont pu disparaître parce qu'il est considéré qu'une bonne partie des Français possèdent le satellite ou le câble (la TNT pour les films, ça m'a l'air bien bof), et que de toute façon, ils doivent bien avoir des dvd (ou assimilés dirons-nous), de telle sorte que ce sont finalement les plus démunis de tout cela (je dirais les classes les plus pauvres, mais je ne suis pas très certain, les étudiants vivant seuls sans trop de ressources et les personnes âgées très certainement, en revanche) qui sont les plus lésés... À présent, il va en fait tout simplement devenir obligatoire de payer pour voir du ciné (ou d'utiliser certains procédés que nous ne citerons évidemment pas...).
3 De palpatine - 05/09/2006, 23:05
Ce soir, l'excellentissime "Impitoyable" ("Unforgiven") sur France3 vient de s'achever : changement du format de diffusion pour l'adapter au format télé, le format VO n'étant pas assez grand public, petit doublage (heureusement de bonne facture, c'est rare), mais surtout, et pire que tout, coupage des scènes d'introduction et de fin ! L'habitude de couper le générique afin de le remplacer par des pubs est déjà indigne de tout cinéphile (et mériterait quelques coups de fouets, tiens, pour rester dans la thématique), mais là c'est fort, tout le texte à l'écran à propos de la relation de William Munny et sa femme décédée a été éjecté. Quand je pense que j'aurais pu l'avoir en VO, au bon format, et en entier en tendant le bras et en cherchant dans le fouilli qui me sert de cinéthèque, hhmmm...
"Unforgiven", voilà un bon titre à cette situation impardonnable. Le problème entre la télé et le cinéma, c'est que la télé est dirigée par une bande d'incultes mal dégrossis, tout simplement.