Le groupe de travail et l'enquête de l'AFNOR
En février, il y eut de fortes interrogations quant à la décision de la position de la France à propos du format OpenXML. Cela donna même lieu à une question parlementaire du député Bernard Carayon [1] avec une réponse offcielle (mais un peu « décalée »...).
Comme l'ISO a décidé d'accepter la procédure rapide (« fast track »), un groupe de travail a été constitué à l'AFNOR en vue d'élaborer la réponse de la France. C'est le front français à propos des standards ouverts, et voici ce qu'il en est :
- Le site de l'AFNOR, Afnor.org [2], n'indique rien...
- ...mais c'est le site StandarMedia.com (sic, standard sans d, [3]), qui fait partie du Groupe AFNOR, qui place l'information en page d'accueil ;
- Pour ce qui d'un lien, attention... « Vous avez la possibilité de mettre en place un lien hypertexte entre votre site et le site standarmedia.com sous réserve de l’accord préalable et écrit d’AFNOR. » [4] auprès du webmaster et du directeur de la publication, Pascal Poupet, « pour toute autre demande de reproduction sur support papier »... et les liens donnés ci-dessous en référence sont de vrais liens hypertextes.
- L'intitulé du groupe est « Commission Nationale Formats de saisie de documents, (CN FSD) », lancé le 10 mai 2007 [5].
- La composition du groupe n'est pas officiellement publiée sur le site de l'AFNOR ni sur StandarMedia.com... mais le Président du groupe CN FSD, Frédéric Bon, l'a publié sur le blog de sa société, Clever Age [6] : « CIGREF, SOFTFLUENT, MICROSOFT FRANCE, CLEVER-AGE, WYGWAM , APRIL, ARS APERTA, INRIA, CGTI, AFUL, MIN DE L’INDUSTRIE, AFDEL, CHU de Grenoble, INNOVIMAX SARL » (donc pas de IBM ni de Sun ni de Google, 3 membres entreprises de l'ODF Alliance).
- Mais il manque encore le nombre de représentants par structure, voire leur nom et leur nombre de voix.
- L'objectif du CN FSD est pour « Format OOXML - doit-il devenir une norme internationale ? Quels sont les commentaires à faire sur le projet ? L'objectif de prise de décision et d'entérinement est ficé à fin 2007 en fonction du consensus constaté » : peut-on parler d'« objectif d'entérinement » alors que le débat porte sur le fait de le retenir ou pas comme norme ?
- Enfin une enquête est ouverte... jusqu'au 31 juillet 2007 ! (comme pour l'Europe et son enquête) [7]. Elle comporte 2 questions :
- « OpenDocument Format/ISO 26300 doit-il devenir une Norme Française ? »
- « OfficeOpen XML doit-il devenir une Norme internationale ISO / une norme française ? »
Et là, ces 2 dernières questions soulèvent 4 interrogations :
- première question : une norme ISO pourrait donc ne pas être une norme française ? Et si une structure choisit une norme ISO plutôt qu'AFNOR, cette norme est-elle caduque ?
- seconde question : il y a 2 questions en une... et si Office OpenXML ne devient pas une norme ISO, peut-il être une norme française ? Et si Office OpenXML devient une norme ISO, peut-il ne pas être une norme française ? (ce que laisse supposer la question précédente)
On peut relever que le site StandarMedia.com donne la liste des « Structures normatives les plus consultées », et qui sont au nombre de 10, avec : « IETF, W3C, CEN, ECBS - CENB, AFNOR, ISO, JTC1, OASIS, IEEE, IPDR.org »... mais l'ECMA, qui a normalisé le format Office OpenXML, n'y figure pas.
Sources et liens :
- [1] Fiche de Bernard Carayon, député, http://www.assemblee-nationale.fr/13/tribun/fiches_id/732.asp
- [2] Site de l'AFNOR, http://www.afnor.org
- [3] Site StandarMedia (R), http://www.standarmedia.com
- [4] Conditions d'utilisation, http://www.standarmedia.com/std/obs_std.asp?Ids=76A82&lang=French
- [5] OfficeOpen XML et ODF : Enquêtes publiques à l'AFNOR, http://www.standarmedia.com/std/std_acc.asp?lang=French
- [6] L'article et ses commentaires, etat d’âme sur la présidence clever age de la commission de normalisation openxml/odf de l’afnor, de Frédéric Bon, le 18 juillet 2007, site de Clever Age, http://www.clever-age.com/veille/blog/etat-d-ame-sur-la-presidence-clever-age-de-la-commission-de-normalisation-openxml-odf-de-l-afnor.html
- [7] Formats bureautiques : AFNOR lance une commission de normalisation française, http://www.standarmedia.com/std/acc_det.asp?Ref=716&lang=French
Et sur Formats-Ouverts.org :
- le jeudi 22 juillet 2004 : 1 article (PhoneGAIM)
- le vendredi 22 juillet 2005 : 1 article (Contre le spam)
- le samedi 22 juillet 2006 : 1 article (Musique sur Yahoo!)
4 réactions
1 De jean-daniel zeller - 24/07/2007, 09:16
Concernant la question des normes, oui il peut y avoir une norme nationale sans avoir une norme ISO. Dans ce cas, la norme nationale sert souvent de prototype à une future norme ISO. C'est ce qui s'est passé par exemple pour la norme australienne sur le records management AS 4290 qui a servi de base à la norme ISO 15459 (fr.wikipedia.org/wiki/ISO...
A contrario, il peut y avoir une norme ISO sans avoir de norme nationale correspondante. Cela se passe entre autre si la norme internationale ne présente pas d'intérêt pour le pays concerné (une norme sur la culture du coton pour la Finlande par exemple). Il se peut aussi que la norme nationale ne soit qu'une copie en bonne en due forme de la norme internationale (c'est le cas d'ISO 15489 qui est la norme AFNOR NF ISO 15489-1).
Pour comprendre ces processus on peut consulter utilement la page wikipedia correspondante : fr.wikipedia.org/wiki/Nor... .
2 De Philippe Magnabosco - 24/07/2007, 15:38
Comme le dit JD Zeller, et pour compléter, des normes NF peuvent devenir des normes ISO, des normes ISO peuvent devenir des "NF ISO". Rien n'y oblige pourtant, et chacune peut vivre sa vie. Les normes sont en général des textes d'application volontaire ; ce ne sont pas des lois ! Dans le cas où une norme française et une norme internationale différente coexistent, une structure décide librement si elle veut s'appuyer sur l'une ou l'autre (ou aucune) de ces normes. Ses clients, partenaires, assureurs, ou éventuelle tutelle administrative peuvent se mêler de ce choix, mais s'il y a une contrainte d'utiliser plutôt une norme que l'autre, cela dépend de ces facteurs extérieurs, pas d'une hiérarchie naturelle qui existerait entre norme ISO et norme NF. Dans la pratique, le poids de ces facteurs extérieurs fait que les acteurs de la normalisation recherchent en général la cohérence plutôt que la discordance, mais pas systématiquement, et sans obligation de résultat.
C'est tout à fait différent au niveau européen : si une norme européenne EN est publiée, toutes les normes équivalentes dans les 30 pays membres de la normalisation européenne (UE27 + Suisse, Norvège, Islande) doivent être retirées, et les pays doivent désormais travailler ensemble aux révisions ultérieures du texte. En effet, la législation européenne (notamment des Directives du Parlement et du Conseil dans le domaine du marché intérieur) peut choisir de s'appuyer sur la norme européenne. Celle-ci doit donc être la même pour tous. C'est un mécanisme original, propre à l'Europe à ma connaissance, qui n'a pas aujourd'hui d'équivalent au niveau mondial, d'où cette différence importante de traitement entre normes EN et ISO.
3 De KIMPE Jacques, Conseiller technique "Administration électronique" du Syndicat National des Directeurs Généraux et Secrétaires Généraux des Collectivités Territoriales - 25/07/2007, 09:47
Messieurs,
La démarche en cours tendant à l'utilisation de la seule norme ODF 1.0 pose le problème de la libre administration des collectivités locales. La nécessité d'assurer l'interopérabilité des différents systèmes afin d'assurer le développement de l'administration électronique est unaniment reconnue. Elle doit toutefois se limiter aux échanges dans le respect des dispositifs existants dans les collectivités. Quid de l'éventuel obligation de devoir changer l'ensemble des logiciels au sein des administrations territoriales et de l'impact sur les finances locales au moment ou la réduction des déficits publics est, à juste titre, une priorité nationale?
Merci de votre esprit d'ouverture et de transparence
Jacques KIMPE
Conseiller technique "Administration électronique" du Syndicat National des Directeurs Généraux et Secrétaires Généraux des Collectivités Territoriales
4 De CRICRI - 25/07/2007, 10:56
L'informatique est une industrie jeune et le boom de cette industrie a permis à de nombreuses personnes en provenance d'autres secteurs (Chimie, Comptabilité , Ingénieurs généralistes de tous bords , nombreux autodidactes etc ...) . Toutes ces personnes , de bonne volonté , parfois très compétentes constituent le contingent majeur de l'informatique en France et même dans le monde . Toutefois , l'informatique a ses règles . Les architectes dans le bâtiment ont des formations complexes et difficiles mais leur formation est à la hauteur de l'enjeu, choix des matériaux , sécurité etc ...
Les réglementations et la normalisation ont permis au secteur du bâtiment de devenir performant . C'est ce qui se passe aujourd'hui en informatique ou les règles de cette industries doivent être normalisées en terme d' interopérabilité , réutilisabilité , modularité , documentation etc ...
Seuls de bons experts vraiment indépendants et réellement formés à l'informatique peuvent faire évoluer cette situation et la tâche n'est pas facile car ces experts sont rares ou mis au service d'une société dans un but purement commercial .... mais il faut savoir les repérer et leur faire confiance .
Pour revenir au terrain , certes , l'utilisation d' ODT demande du travail et nécessite la mise en place progressive de nouveaux outils mais de toute façon , IL FAUDRA CHANGER et CHOISIR ENTRE ODT ET OOXML car les anciens fichiers bureautiques fermés n'ont plus d'avenir si on veut pouvoir faire évoluer l'informatique.
Il faudra sans doute N' EN CHOISIR QU'UN SEUL car l'interopérabilité entre ces deux formats ouverts est loin d'être parfaite (Une petite campagne de tests pourra rapidement le démontrer)
Il faudra aussi changer de produit car seules les toutes dernières versions de Microsoft Office produisent des formats ouverts mais il y a plus de différence ergonomique entre Word 2007 et Word 2000 qu'entre Word 2000 et Openoffice.org et on sait que la conduite du changement auprès des utilisateurs est le facteur essentiel de la réussite des projets de migration .
Alors M Jacques KIMPE , quel(s) Format(s) nous « conseillez » vous et quelle méthode pour la migration . La pire des méthodes étant un « NON CHOIX » , celle qui est proposée par nombre de conseillés incompétents qui ne veulent prendre aucune responsabilité ...