Les chèques, danger. Et à la place...

Donald E. Knuth est un des plus grands informaticiens, professeur à l'université de Stanford, auteur notamment des livres The Art of Computer Programming et créateur des logiciels TeX et METAFONT ainsi que de la police Computer Modern [1]. C'est aussi une personnalité et un personnage (voyages rares, joueur d'orgue, pas de courriel direct).

Parmi ses écrits, il y a... ses chèques ! Oui, le document en papier signé et valant la somme d'argent qui y est portée. Certes, cela est anecdotique en regard de son œuvre, mais ils représentent beaucoup pour ceux qui en ont reçu un : une véritable récompense [2]. D'ailleurs bien souvent, il n'a pas été encaissé. En effet ce chèque établi par Donald Knuth était la preuve que son destinataire avait bien découvert une erreur dans un de ses livres ou dans un de ses programmes : une erreur typographique, technique ou historique. De plus, le montant de ce chèque était de 2,56 dollars, car « 256 cents font un dollar héxadécimal » (donc pas au format décimal).

« Était » car c'est fini : dans un article intitulé Financial Fiasco [3], il a annoncé en octobre 2008 qu'il cessait de faire des chèques :

En raison des problèmes de sécurité insolubles dans la manière dont les fonds sont transférés électroniquement, il n'est plus sûr d'établir des chèques personnels. (gras ajouté)

Encore la sécurité informatique et les formats. En précisant :

Bientôt les gens apprendront qu'il est aussi dangereux de révéler les numéros inscrits au vue de tous sur les chèques. Oubliez les signatures ; les banques n'ont pas le temps de les vérifier. Ce qui fut le vénérable système de chèques est irrémédiablement cassé. D'ici peu, les entreprises seront dans l'impossibilité d'émettre des chèques sans s'exposer à des risques inacceptables. (gras ajouté)

Et de rajouter (avec humour et/ou ironie ?) :

En bonne conscience, je ne peux continuer de traumatiser les responsables de ma banque, qui ont de toute évidence d'autres sujets de préoccupation. (en cette fin 2008 !)

La solution de Donald Knuth (non sans humour aussi) :

Au lieu d'écrire des chèques, je vais écrire pour le compte de chaque personne récompensée des certificats personnels de dépôts à la Bank of San Serriffe, qui est une structure offshore qui a des succursales à Blefuscu et Elbonia sur la planète Pincus. (gras ajouté)

San Serriffe est un pays imaginaire [4], et en plus Sans Serif est un type de police de caractères (ses lettres n'ont pas d'empattement) [5]. Donald Knuth a son anniversaire le 10 janvier. Il était le 1er décembre 2008 à Paris pour la manifestation organisée à l'occasion des 60 ans du mathématicien français Philippe Flajolet [6].

Sources et liens :
Et sur Formats-Ouverts.org le 9 janvier :