La Haute-Savoie est unique, notamment en TIC. Mais cela va changer, hélas.

En pointe pour les TIC en général

Le paysage haut-savoyard des TIC est totalement inédit pour les services publics : depuis 1995 (soit plus de 16 ans !) toutes les écoles sont connectées à Internet, comme les collèges, les lycées, les mairies, les bibliothèques, les offices du tourisme, les centres hospitaliers et autres services publics du département. Et cela sur décision du Conseil Général. C'est le CRI 74 (Centre de Ressources Informatiques) qui a assuré cette mission, reprise par le CITIC 74 (Centre de l'Informatique et des Technologies de l'Information et de la Communication) créé en 2007.

C'est une « mission de service public » en tant que « Fournisseur de services internet pour les collectivités » (sic), à laquelle il faut ajouter « Hébergement de sites web et gestion des noms de domaines, Messagerie, Sécurité, Filtrage des spams et des virus, Filtrage des sites web indésirables, Assistance, Développement, Formation, Support et hot-line, Gestion des systèmes d'information scolaires » ! La liste officielle sur la page TIC du site du Conseil Général est impressionnante [1].

Mais fin 2012, ce panorama inédit en France va disparaître. La décision a été officialisée lors de la réunion du Conseil Général des 13 et 14 décembre à propos du budget primitif 2012. L'ordre du jour indique laconiquement : « Dissolution du CITIC 74 au 31 décembre 2012 » (sic) [2]. L'expression est forte. Le point a été traité. La presse locale l'a relaté. C'est acté.

Les écoles, collèges, lycées, mairies, hôpitaux et autres structures publiques connectées vont donc devoir se tourner vers d'autres prestataires, ceux présents dans le département ou ailleurs : fin des services Internet via un service public.

En pointe pour les logiciels libres (et les standards ouverts) en particulier

En Haute-Savoie, l'infrastructure réseau mise en place utilise massivement et délibérément des logiciels libres (et des formats ouverts). L'argent public des financements a donc été investi de manière très importante dans les logiciels libres, avec notamment du développement d'outils propres aux besoins. Ils ont été mis à disposition, comme par exemple le logiciel PingOO, « produit phare du CITIC 74 » (sic). L'action du CITIC pour les logiciels libres a aussi permis d'aider des associations comme Sésamath, Framasoft et quelques autres. Sans oublier des manifestations comme les différentes éditions de LibreEdu qui étaient un rendez-vous important.

Sans le savoir et sans le souligner (hélas), le département est sans doute l'un de ceux en tête des utilisateurs de logiciels libres : tous les habitants de Haute Savoie sont des Monsieur Jourdain du logiciel libre. Ces logiciels ne vont pas disparaître avec le CITIC, y compris ceux développés comme PingOO. Mais leur utilisation n'est pas aussi assurée dans le dispositif qui prendra la suite le 1er janvier 2013. Souhaitons que le grand bébé CITIC ne soit pas jeté avec la neige de son bain.

Merci

Que dire pour finir ? Il ne s'agit pas de remercier pour la décision prise, mais de saluer les personnes du CRI/CITIC qui ont fait vivre ce dispositif totalement à part en France : Cécile Blonay, Directrice de l'actuel CITIC74, Jean-Claude Fernandez, Directeur de l'ancien CRI74, Sébastien Delcroix, Directeur technique du CITIC74, et les équipes de développeurs, de techniciens et d'administratifs. Chapeaux bas et merci !

Le CITIC 74 va mourir, vivent ses logiciels libres : je l'écris avec regret et tristesse.

Sources et liens :
Le 26 janvier sur Formats-Ouverts.org :