Y a-t-il des formats rares ?

Quel est le point commun entre Le Salon du Collectionneur (du 16 au 25 septembre), la vente aux enchères d'objet des Beatles le 29 juillet dernier, ou la bibliothèque municipale publique de Sélestat (aussi nommée Bibliothèque Humaniste de Sélestat, fondée en 1452) ?

Chacun propose ou a proposé des objets rares : meubles, orfèvrerie ou sculptures pour le premier ; un manuscrit de John Lennon de la chanson All you need is love, vendu un million de dollars, pour le deuxième ; une collection de premier plan au niveau national avec des manuscrits et des ouvrages anciens pour la troisième.

Ce qui fait la particulartité et la valeur de ces objets est qu'il n'en existe que très peu d'exemplaire identique dans le monde, voire qu'un seul. Ce caractère unique fait la rareté de ces pièces exceptionnelles.

Qu'en est-il pour les formats, ouverts ou pas, dans le monde numérique : y a-t-il des formats qui sont rares ? La rareté existe-t-elle dans le numérique ?

Oui, certains formats sont rares, au sens de peu répandu, peu féquent ou plus utilisé : il s'agit des formats que l'on ne sait plus employer car les logiciels qui ont servi à les créer ont disparu (arrêt de la part de l'éditeur ou fin de l'éditeur). Et seuls un logiciel spécifique savait exploiter les données des fichiers, logiciel que seule la société éditrice maîtrisait. Les exemples de formats qui sont désormais inexploitables peuvent se rencontrer souvent.

Non, les formats ne sont pas du tout rares, car aucun fichier à un format donné n'est rare. En effet, l'une des caractéristiques techniques fondamentales des fichiers numériques est d'être copié. Qu'il s'agisse de texte, d'image, de son, de video, et indépendamment de la taille, créer une copie parfaite est propre au numérique. Le clone, ou plutôt les clones, existent et peuvent se multiplier dès lors qu'un seul exemplaire existe. Et les réseaux facilitent cette situation. Ainsi, un format et un fichier numériques ne connaissent pas la rareté, l'original n'existe pas. Sauf à placer des DRM pour limiter les utilisations.

Cependant, un fichier à un format sans logiciel pour l'utiliser ne sert à rien et n'a aucune valeur. Ce qui compte alors est l'ensemble fichier-logiciel pour l'exécuter, voire la machine sur laquelle le logiciel fonctionne, avec des éléments qui lui sont indispensables. C'est alors la machine complète qui compte, et qui peut être rare.

Par exemple les ordinateurs complets voire en état de marche, comme un Micral N (1973, de la société R2E, avec un Intel 8008 à 500 kHz) exposé à la Cité des sciences et de l'industrie, un IBM PC de 1981 ou un NeXTcube sont des pièces rares. Bien sûr quand en plus la production industrielle n'a pas été très élevée, la rareté de la machine est accrue.

Enfin, il faut signaler un texte de Emmanuel Hoog, président directeur-général de l'INA (Institut national de l'audiovisuel), publié dans le Monde diplomatique d'octobre 2004, à propos de la conservation de notre mémoire audiovisuelle, où il écrivait :

La nature même de l'audiovisuel, c'est la copie.

Sources et liens :