Une journée de séminaire au programme très riche
En même temps que le salon Documation 2006 du 15 et 16 mars, se tiendra le jeudi 16 une journée intitulée Pérennité de l'information : relire nos documents informatiques bureautiques ou personnels dans trente ans ? Elle se déroulera à l'école Polytechnique (Palaiseau), organisée par l'association Aristote et animée par le groupe de travail PIN (Pérennisation des Informations Numériques).
Le programme est très riche et le texte de présentation de la journée met bien en perspective la situation actuelle et future : il est repris ci-dessous, avec ajouts de gras et des liens.
La mémoire de nos activités, tant professionnelles que personnelles, est aujourd'hui le plus souvent entre les mains des technologies du numérique qui sont devenues, en quelques années, le moyen quasi-unique de production, de transport et de conservation de nos documents. Cette vague déferlante qui touche toutes les entreprises, les administrations, les familles, réduit l'usage du papier à un support de travail éphémère. La nature même d'un grand nombre de documents numériques rend l'usage du papier sans objet. Ce support papier avait pourtant une grande qualité : à l'échelle de quelques dizaines d'années, sinon du siècle, il était pérenne et chacun savait le conserver. Les photos de famille des années 1920 sont encore là mais qu'en sera-t-il avec la mémoire informatique ?
On ne peut que faire le constat de la très faible pérennité des moyens informatiques, ordinateurs, systèmes d'exploitation, logiciel, supports d'archivage, formats propriétaires... Nos documents sont-ils en train de devenir des marchandises comme les autres dans la société de consommation ? L'information serait-elle maintenant un produit surabondant que l'on jette après usage ? Ce constat pose un grave problème car il touche un patrimoine dont la société ne saurait se passer : patrimoine des entreprises (comment conserver pendant 50 ans l'immense documentation technique d'un avion de ligne ?), patrimoine scientifique (comment conserver toutes les mesures et observations géologiques, climatiques, environnementales...), patrimoine historique et culturel, etc. Ce problème se pose pour toute l'information créée et gérée sous forme numérique, et il se pose en particulier de façon aigüe pour l'écrit et pour l'image, c'est-à-dire les documents les plus courants, les documents issus des logiciels disponibles sur n'importe quel ordinateur : suite bureautique, éditeurs de page Web, etc.
Le séminaire abordera ces thèmes, en partant de l'expertise du groupe PIN (Pérennisation des Informations Numériques) d'Aristote, il analysera la nature et l'ampleur du problème et essaiera de proposer des esquisses de solution tant sur le plan technique que sur le plan stratégique.
Une retransmission en video est prévue, en utilisant le logiciel libre VLC ou RealPlayer. La journée comportera 11 présentations, toutes de 30 minutes sauf une de 45 minutes. Il sera sans doute question de manière générale de l'archivage, de la gestion des archives, des standards ouverts, de l'interopérabilité et aussi de manière plus détaillée de :
- Pérennité de l'information : quelques repères pour une approche pragmatique (Claude Huc, CNES et PIN) et une mise en perspective (Isabelle Boydens, Université Libre de Bruxelles)
- Mise en ?uvre d'un système de Records Management à la Bibliothèque nationale de France (BnF) : mieux produire et mieux gérer les documents de la bureautique pour mieux les archiver - Catherine Dhérent (BnF), chef de mission et experte entre autres de l'archivage électronique et des métadonnées
- L'archivage numérique et le programme ADELE - Gabriel Ramantsoariva, chargé de mission Architecture fonctionnelle à la DGME
- L'état d'avancement du projet d'archivage électronique du Minefi - Christophe Alviset, Ministère des Finances
- L'archivage long terme des données numériques produit 3D dans le domaine aéronautique avec le cas du projet Airbus - Jean-Yves Delaunay, Airbus 3D CAD PDM, Long term Archiving and Retrieval Project Leader
- Open Office.org et OASIS : le standard Open Document - Laurent Godard, directeur technique, société Indesko/Nuxeo
- Office Open XML de Microsotf et ECMA : standardisation et formats ouverts - un intervenant de Microsoft
- D'un format de représentation de document à une norme internationale : PDF/A-1 - Jean-Pierre Blanger, directeur Business Development de Ricoh Information Systems and Services
- L'évolution des applications d'informatique personnelle vers le Web - Emmanuèle Bermès (BnF, Département de la Bibliothèque Numérique)
La journée se terminera par une table ronde d'une heure, de 16h00 à 17h00. Une journée à suivre au vu de la quantité des interventions et la qualité des personnes qui vont l'animer.
Voir : De la pérennité de l'information numérique (et des formats) : un compte-rendu
Sources et liens :
- La page du prochain séminaire, http://www.aristote.asso.fr/sem/semnext.html
- L'association Aristote, http://www.aristote.asso.fr
- Le groupe de travail PIN, Pérennisation des Informations Numériques, http://vds.cnes.fr/pin/
- Les séminaires Aristote, http://www.aristote.asso.fr/sem/SXA_Presentation.htm
- Suivre les conférences en video en ligne, http://www.aristote.asso.fr/sem/SXA_Retransmission.htm
2 réactions
1 De Sarra - 07/03/2006, 16:22
Catherine Dhérent est aussi experte et auteure entre autres de la région Nord-Pas-Calais (Le Pas-de-Calais à fleur d'eau, 2001, www.mincoin.com/images/bi...) et de ses beffrois (Les Donjons de la liberté, décembre 2005, www.mincoin.com/images/bi... ou http://loeildor.free.fr/diff...)
2 De Alarc'h - 11/03/2006, 17:43
Ah oui, depuis le temps que je râle dans mon coin sur ce sujet et qu'on me regarde comme un extra terrestre ! En ce moment je dois récupérer des documents de travail créés sous Word5 Mac et quelques autres logiciels Mac entre 1990 et 1995 à partir de sauvegardes sur CD.
Je n'ai plus de macs et la récupération sous OpenOffice .org 2.0 sous linux demande, c'est le moins qu'on puisse dire, un gros travail de remise en forme (problèmes de charset, instructions de mise en page mélangées au texte etc.), et je ne parle pas de documents plus anciens sur d'autres plateformes, que je peux considérer comme perdus (pas de lecteur de disquettes 3 pouces, un format qui n'a pas tenu et était utilisé par Amstrad entre autre, disparition totale des traitements de texte de l'époque etc.).
Pour les entreprises on verra peut-être des prestataires de service très chers qui se feront fort de migrer les infos depuis des systèmes antédilluviens vers les modernes, mais pour le particulier, ou même de petites entreprises, ce sera perte sèche car il ne pourront certainement pas payer la facture.
C'est certainement un des problèmes les plus préoccupants liés à l'irruption et l'omniprésence de l'informatique dans nos vies. D'un point de vue archéologique ça ne manque pas de piquant tout en n'étant pas rassurant... www.alarch.ath.cx/index.p...