Apple... Intel... les loisirs numériques... les majors... les DRM...

L'annonce le 6 juin (clin d'œil historique sans doute involontaire) que les microprocessurs Intel allaient débarquer sur les machines Apple a provoqué des réactions et des analyses, aussi nombreuses que les différentes approches possibles, positives ou en négatives. Parmi les articles parus, celui de l'excellent site Groklaw recence des explications intéressantes, argumentées... et certaines peu réjouissantes.

Windows sur Apple Intel, oui. Mac OS X sur non-Apple Intel, non.

Comme Intel sera utilisé par Apple, on aura donc Mac OS X qui fonctionnera sur Intel. Alors deux questions viennnent à l'esprit :

  • pourra-t-on installer Windows sur ces Apple avec Intel ? Réponse officielle : « Nous ne ferons rien pour empêcher cela » (Phil Schiller, Senior Vice President) ;
  • pourra-t-on installer Mac OS X sur machines avec Intel mais non-Apple ? Réponse officielle : « Nous ne permettrons pas d'exécuter Mac OS sur quoi que ce soit d'autre qu'un Apple. » (Phil Schiller).

Mais pourquoi Mac OS X version Intel ne pourrait pas s'exécuter sur une machine Intel non-Apple ? Car Mac OS X vérifiera certaines choses sur les composants électroniques des matériels utilisés, qui devront avoir la « signature » Apple. Le microprocesseur ne rentrerait pas forcément en action dans ce processus : il s'agira de puces Intel sans spécificité Apple. Pour ce qui est des « signatures » Apple citées, il s'agit des DRM, des fichiers fermés de contrôle et de verrouillage.

Et si le microprocesseur jouait un rôle ? Celui de gendarme des machine Intel-Apple (ou non-Apple) ? En effet, peut-être plus encore que Windows, ce sont les microprocessurs Intel qui seront les plus répandus : sur les ordinateurs (du moins des particuliers), mais aussi dans les appareils électroniques grand public comme les téléphones, les PDA, les balladeurs, les magnétoscopes numériques et autres objets de la vie numérique ou des loisirs numériques.

Et alors, un microprocesseur pour les gouverner tous... ?

L'article de Groklaw met en avant le point de vue développé dans Wired et dans ZDNet : Apple a besoin des dernières puces Intel car les compagnies de cinéma et de musique veulent les dernières puces Intel. Car les dernières puces Intel permettent de bloquer l'utilisation de « contenus non-autorisés » (même si cela n'est pas encore activé).

Ainsi, les DRM et autres technologies de contrôle se situeraient non plus dans les logiciels mais au cœur des puces, qui ainsi baties permettraient pour les majors d'Hollywood et de la musique de protéger leur contenu (films, video, musique,...). Apple ne souhaitant pas manquer ce marché des loisirs numériques, la société se devait de passer à Intel.

Une théorie que seul l'avenir confirmera ou pas, et où le format (du microprocesseur) est doublement au cœur du sujet. On n'est plus dans ce cas au niveau des formats ouverts (ou fermés) des données ou des protocoles ni à avoir de l'interopérabilité, mais les enjeux sont identiques : votre vie numérique, vous la voulez couleur DRM ?

Sources et liens :

[Rappel : En cas de vote favorable sur les brevets logiciels au Parlement européen, des fonctionnalités triviales (comme utiliser une base de données pour un site Web, ou la barre de progression) qui sont déjà brevetées ailleurs, seront valables en Europe si elles ont été acceptées par l'OEB. Avec le risque d'en voir d'autres brevetées. Cela pourra signifier des droits à payer pour les utiliser. Ce qui ne sera pas possible pour ce site, ni pour beaucoup d'autres, y compris ceux de sociétés.]