Le mélange interopérabilité-compatibilité-uniformité

La police écossaise a annoncé qu'elle allait utiliser Microsoft Windows Server 2003, Microsoft Windows XP et la suite bureautique Microsoft Office (alors qu'elle utilisait Sun StarOffice depuis 2000).

Parmi les arguments avancés, il y a comme souvent l'interopérabilité. Cet argument mérite d'être précisé, car il est souvent mal utilisé :

  • la compatibilité avec n'est pas l'interopérabilité avec : cela a déjà été signalé à propos des responsables de la suite OpenOffice.org, on ne peut pas parler d'interopérabilité avec avec Microsoft Office (ou avec un autre logiciel) : l'interopérabilité est globale, avec tous (du domaine concerné).
  • l'uniformité, n'est pas l'interopérabilité : si tout le monde utilise le même logiciel produisant des documents au format de ce logiciel, il est évident que tout le monde va pouvoir utiliser ces documents ! Mais il ne s'agit pas alors d'interopérabilité mais d'uniformité.

De plus, même si un format est qualifié de standard, ce standard doit être un standard ouvert pour une réelle interopérabilité. Si le format est fermé, pas d'interopérabilité.

Enfin, si les documents créés utilisent des DRM, cela peut soulever les problèmes de maîtrise de ses informations et ses archives comme l'a indiqué la Nouvelle-Zélande qui refuse certains produits Microsoft du fait des DRM.

L'un des meilleurs exemples d'interopérabilité est encore une fois Internet en général et le Web en particulier. On a :

  • des logiciels de création de pages Web très nombreux et différents (de l'éditeur de texte à l'outil WYSIWIG, de Vim ou Emacs à Nvu) ;
  • des logiciels de lecture de pages Web, les navigateurs, également nombreux et variés (de Firefox à Safari en passant par Internet Explorer, Lynx, Netscape, Opera, Konqueror ou Camino) ;
  • et des formats ouverts, le HTML ou le XHTML, élaborés successivement depuis plus de 10 ans par le W3C, et qui sont utilisés par les logiciels liés au Web. Il est même possible de valider la conformité de son (X)HTML par rapport aux spécifications officielles ;
  • toutes les structures (entreprises, administrations, associations,...) et les particulier qui créent des documents Web conformes au format ouvert (X)HTML ont alors des documents interopérables.

Précisions :

  • en France, dans les commissariats, c'est OpenOffice.org qui est déployé et utilisé (expérience à l'appui lors d'une déclaration de vol), tout comme dans les gendarmeries ;
  • le communiqué de presse utilise à la fois les termes « compatabilité avec » et « interopérabilité ».
Sources et liens :